" June ? C'est Ellen."

Ellen poussa la porte sans même attendre une réponse de sa "colocataire". Après tout, c'était son appart, alors vampire ou pas, c'était elle qui décider. Et puis, la transformation était pour ce soir. Cette nuit, la vie de la jeune Démon allait changer. Plus tout ces soucis. Plus à supporter cette guerre qui n'était pas tout à fait fini. Ellen haïssait tout le monde, méprisait la vie actuelle, et était passé depuis plusieurs mois déjà dans le clan des Démons de Glace. Mais elle qui n'en été pas vraiment une, elle devait devenir une non-morte. Et June avait acceptée de la transformer. Personne ne se doutait de quelque chose. Ni même Cathy. Qui aurait pu croire que la têtue et agressive Ellen April Soleston était liée aux meurtres. Mais cette dernière savait cachée son jeu. Tout avait été préparé. Il y avait peu de monde au restaurant, et Cathy était parti. April appréhendait tout de même un peu. Comment serait sa vie... Une fois qu'elle serait vampire ? Est-ce qu'elle survivrait ?
June semblait plutôt bien s'en être sorti... La jeune Démon admirait beaucoup June. Elle était son mentor. Et même si sa créatrice font était une personne assez distante, les deux jeunes femmes s'aimaient beaucoup et se ressemblaient assez. Mais refuser à la vie n'est jamais un choix facile, surtout quand on devient une non-morte, que l'on ne l'est pas à la naissance. Nombreuses étaient les fois où la jeune fille aurait voulu tout abandonner ; s'enfuir ; tout raconter à la police de Miss Light, leur Dirigeante et aller retrouver ses parents. Mais maintenant, son choix était fait et elle ne pouvait revenir sur sa décision. Ellen n'allait regretter que deux choses de sa vie de Démons ; Cathy et Elizabeth Light. April aimait Cathy comme une sœur, et la quitter était quelque chose de douloureux, et elle ne lui avait rien dit, pas prévenue, même pas un mensonge pour la rassurer... Lamentable. Et concernant la jeune Dominante, Ellen l'avait rencontrer une ou deux fois et savait que c'était une jeune fille fragile, qui ne voulait que la paix. Elle avait donné aux peuples des glaces beaucoup d'information sur la Dirigeante du peuple du Feu, et elle espérait que la jeune Mademoiselle Light s'allierait aux Démons de Glaces. Mais c'était surement peine perdue, vu comme la Dominante est têtue.

- Tu as tout vérifier Ellen ?
- Oui. J'ai tout vérifier.
- Très bien. On va pouvoir partir. Et toi ? Tu es prête ?
- Hum... Je pense que oui.
- Ce n'est pas une étape facile. Mais tu réussiras...

Malgré les paroles froides, mais rassurantes de June ; Ellen était morte de peur. Elle avait peur de ne pas se contrôler, de ne pas réussir, et de mourir surtout. Mais elle le devait. Elle n'avait pas le choix. Elle était obligée de renoncer à la vie. La jeune femme respira une dernière grande bouffée d'air, avant de regarder droit dans les yeux sa créatrice et dajouter tout bas :

- Vas y June.


* Je ne sentis plus rien au moment où elle posa ses lèvres sur ma peau pétrifiée. *

Je me tenais là, dans le salon d'Ellen, à attendre qu'elle rentre de son service au Cathy's Cook. Au moment où je pensai à ce restaurant, l'image d'enfants et de leurs parents sans défense s'immisça dans mon esprit. Ça, ç'aurait été un repas digne de ce nom. Surtout que les enfants ont, la plupart du temps le sang le plus savoureux... Je passai le bout de ma langue sur mes lèvres, essayant d'oublier les images qui me hantaient, entraînées par ma soif. J'aurais d'ailleurs du la satisfaire avant de passer à l'acte, mais il était trop tard maintenant. Ellen allait arriver d'un minute à l'autre. Si elle devait y rester, elle y resterait, un point c'est tout. De toute manière, quelle importance. Ça valait mieux pour tout le monde, elle le disait elle-même. Elle s'en voulait de trahir Cathy, ainsi que sa Dirigeante, bien qu'au fond d'elle, elle ne soit déjà plus un Démon du Feu. Je perçus de très loin ses pas qui montaient les escaliers de son appartement, et sa voix qui saluait anxieusement un enfant qui jouait dans la cour devant le Cathy's Cook. Quand la porte s'ouvrit sur elle, je ne me retournai pas, continuant à fixer la rue de derrière ma fenêtre.

- June ? C'est Ellen, demanda sa voix, troublée.

Je retins un rire, histoire de ne pas la vexer. Comme si je ne savais pas que c'était elle. Je reconnaissais ses pas à 100 mètres à la ronde, sa voix idem. Je passai tellement de temps avec elle ces derniers mois, qu'à présent je la connaissais comme ma poche. Pas comme une sœur, non. Je ne voulais dépendre de personne, aussi, je ne créais aucun lien d'amitié, avec qui que ce soit. Ellen me logeait depuis assez longtemps déjà, et je passai mes journées dans son appartement minable. Elle avait trop peur que je me fasse repérer, aussi, je ne sortait que la nuit... et parfois aussi, mais elle ne le savait pas, durant ses services. Je me retournai, lui adressai un sourire, puis vérifiait qu'elle était prête à passer... de l'autre côté. Je la rassurai vaguement, car je sentais à quel point elle était anxieuse. Et il ne fallait pas. Cela ne ferait qu'empirer les choses, et ne me faciliterais pas la tâche. Je m'avançais vers elle, et la prit par la main, comme une amie l'aurait fait, bien que mon geste ne traduise en rien un signe d'amitié. Je la fit s'asseoir sur son canapé, puis la poussai légèrement au niveau des épaules pour la faire s'allonger. Ma force était telle qu'elle se retrouva plaqué contre le divan. Je m'excusai d'un regard, puis allai verrouiller la porte : je ne tenais pas à ce que nous fûmes dérangées pendant l'action.
Ellen était couchée sur le divan recouvert par une sorte de bâche, pour limiter les dégâts : elle allait sans doute perdre beaucoup de sang, et nous préférions toutes les deux ne pas abîmer son canapé en cuir. Ses yeux, animés par une lueur fantomatique et terrifiée, faisaient la navette entre mon visage et le plafond. Quand, enfin, ses prunelles se stabilisèrent sur les miennes, je lui adressai un regard que je voulais rassurant et, semblant enfin décidée, elle inspira une grande et dernière bouffée d'air frais, puis murmura :

- Vas y June.

J'eus un mouvement de tête affirmatif, puis approchai mes lèvres de son cou. Les première effluves de sang arrivèrent jusqu'à moi, bien que je ne l'eus pas encore mordue. Dans une autre situation, je me serais régalée, mais aujourd'hui c'était différent. Mon but n'était pas de satisfaire ma soif, mais de transformer Ellen, et, si possible, de la garder vivante. Je me penchai un peu plus vers elle, comme pour embrasser son cou, mais, au dernier moment, je plantai mes dents dans sa chair. Sa poitrine eut un soubresaut, et mes yeux de révulsèrent de plaisir, tant son sang était fameux. Les siens fixaient le plafond avec une horreur grandissante, comme si elle prenait conscience trop tard de la bêtise qu'elle faisait.
Je me mis à jouir du bouquet de son sang sans pouvoir m'arrêter, la vidant peu à peu de vie. Son visage pâlissait de seconde en seconde, et je craignais de la tuer. Je me forçai à stopper mon repas, et regardai son corps agité de spasme, déjà rougi par son propre sang. Il me semblait que j'avais arrêté mon geste avant de la tuer, mais rien n'était moins sûr. Quoi qu'il en était, le venin commençait à faire son effet. Ellen se tordait de douleur sur le sofa, la sueur ruisselant le long de son front. Soudain, malgré moi, malgré mon caractère, je fus prise de remords et commençais à m'inquiéter pour Ellen. Elle semblait avoir si mal... Avais-je autant souffert, lors de ma transformation ??

- Je suis désolée, dis-je, angoissée. Je suis tellement désolée, Ellen... Ne t'inquiète pas, c'est bientôt fini...

Que m'arrivait-il ? Je n'étais pas comme ça, d'habitude... Peut-être qu'au final, Ellen était tout de même une amie, à mes yeux. J'étais perdue, j'avais peur pour elle. C'était ça, être amies : craindre l'une pour l'autre. J'aurais voulu soulager sa douleur, mais le seul moyen de le faire était soit d'abréger ses souffrances en la tuant, ce que je ne voulais pas faire, soit de stopper sa transformation en aspirant le venin, ce qu'elle m'avait interdit de faire, quoi qu'il arrive. Elle me disait préférer mourir plutôt que de refuser à sa transformation en vampire. Je m'assis à genou à côté de son corps tordu dans une position absurde et douloureuse, et pris sa main.

- S'il vous plaît, ne la laissez pas partir... elle mérite de devenir l'une des nôtres, elle y aspire depuis tant d'années... Offrez-lui ce bonheur, je vous en prie... murmurais-je, implorant vainement et naïvement nos dieux de Glace.

Je me révélai différente de ce que je croyais être. J'avais toujours été croyante, ayant été été élevée dans une famille pratiquante, mais cela faisait bien longtemps que je n'avais plus imploré nos Dieux... la dernière fois, c'était lors du décès de ma mère, ce qui remontait à une cinquantaine d'années... Je ne suppliai nos divinités que lorsque la vie d'êtres chers était en danger, ce qui en disait long sur ce que je pensai d'Ellen.

Je ne ressentis plus rien au moment où June déposa ses lèvres sur ma peau. Mais quelques secondes après, la douleur commença. Je sentis mon sang me quittait, je sentis la satisfaction de mon amie à mesure qu'elle buvait mon sang. Je sens peu à peu mes forces me quittaient. Je hurle de douleur tant je souffre. Mon coeur commence à trembler, j'ai des spasmes. Je voudrais protester, je voudrais la supplier, mais je ne peux pas. MA vue se trouble, je n'arrive plus tout à fait à distinguer le sublime visage de ma créatrice. Le fait de la voir comblée par ce sang, le fait de la voir heureuse me fit encore plus mal. Mon corps se tordait de douleur sur le sofa. Je sentais ma peau pâlir, et de multiples gouttes de sueur coulent le long de mes joues. Je suffoque. Oh Dieux et Déesses, aidez moi. J'ai l'impression de mourir. Mais je reste là, à souffrir.
June est penchée autour de moi. Elle a retirée sa bouche de mon cou. Mais le venin fait de plus en plus son effet. Je veux mourir... mourir. Rassemblant le peu de souffle qui me reste, je m'entends hurler :

- Laisse-moi... Mourir. June ! Je veux... mourir.

Mais je me souvins soudain que j'avais interdit à June de me sauver. Je voulais me transformer. Je voulais devenir une sang-froid. Mais là, je ne me sentais pas la force. Et puis peu à peu, la douleur cessa. Je me sentis renaitre. Mon corps se calma peu à peu. Mon esprit s'appaira. C'est alors que je murmura "June... June". Je al vit qui se pencha au-dessus de moi, larmes aux yeux. A ce moment, des cris parvinrent à mes oreilles. Je reconnus la voix d'Elizabeth, la Dominante du Feu. Il y avait aussi une autre voix, féminine. Je vis du feu jaillir, et de l'eau aussi. Donc c'était une démon de l'Eau, peut-être leur Dominante... Puis de la Glace fila. Et là, je vis ma meilleure amie, ma créatrice fuir en murmurant un " Je reviens. ". Je compris alors. Je compris que ma Dirigeante avait tout ressenti... Elle avait tout devinée. Tout raconter. Ils venaient pour me tuer. Et pour tuer June. D'un coté, je en pouvais m'en vouloir qu'à moi-même. J'avais trahi mon peuple, trahi cette jeune fille...
De l'autre, il fallait que je défende. Et puis ; cette odeur de sang... Cela emplissait mes narines. Ouvrant les yeux, je vis qu'une Démon était penché au-dessus de moi. Elizabeth Light. Mon ex-Dominante. Elle devais regarder si j'étais morte ou vivante. Je devais me défendre. Et puis cette odeur de sang.... D'un coup bref et violent, je me relevai et je me lançai vers la jeune Demoiselle Light. C'est alors qu'il se passa une chose que je n'avais pas prévue...